Tri et collecte sélective des déchets, une expérience en milieu urbain Guinéen

Opération pilote sur le processus de tri et de collecte sélective des ordures ménagères dans la Commune Urbaine de Kindia

Une Expérience en milieu Urbain !

L’assainissement est une des trente deux compétences transférées aux Communes dans le cadre de la politique de décentralisation, mais par manque de moyens de mise en œuvre la Commune Urbaine de Kindia s’appuie sur ses partenaires au développement pour expérimenter des systèmes efficaces et pérennes. C’est ainsi que s’est défini avec Coopération Atlantique Guinée 44 un projet pilote de gestion des déchets sur 7 quartiers de la Commune Urbaine de Kindia (zone des Trois Rivières), conduit avec le soutien financier du fonds de dotation Kindia +, et de l’Agence Française de Développement (FISONG).

Fondées sur des approches concertées, sociales et intégrées, les opérations de ce projet portent sur la promotion de l’entrepreneuriat dans le secteur de l’assainissement, la mobilisation communautaire, les sensibilisations aux bonnes pratiques d’hygiène, l’innovation technique sur les équipements et le renforcement des capacités des acteurs du secteur (opérateurs de collecte- valorisation- évacuation des déchets et de la collectivité locale) sur l’organisation, la coordination et les conditions de financements du service.

Le projet a accompagné la formalisation de l’activité de travailleurs des déchets sur les marchés de Kindia autour de la constitution d’un groupement d’intérêt économique dénommé le GACK (Groupement d’Assainissement des quartiers de la Confluence de Kindia). Il est constitué de 23 personnes qui s’emploient totalement ou partiellement à d’une part le service quotidien de nettoyage, collecte et évacuation des déchets du marché de Yenguèma (90% des volumes collectés par le GACK) ; d’autre part à la collecte des ordures ménagères de deux quartiers urbains.
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Un des principes du service repose sur le tri des déchets pour valoriser la matière « organique » auprès des maraichers de la Ville. Sur le marché se sont les balayeuses, les éboueurs qui réalisent ce tri et déposent les déchets selon leur nature dans des remorques distinctes. Dans les quartiers, le tri est assuré par des tournées différentes avec l’implication des ménages dans le processus de collecte sélective.
Les ordures « organiques » estimées à près de 62% du volume, sont appréciées des maraîchers (par rapport à engrais ou ordures brutes) et donnent des recettes immédiates au GACK. Les refus de tri partent à Koliady, décharge proche, adaptée, mais à améliorer.
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L’opération a permis de démarrer une innovation sur le tri des déchets tant au niveau de la collecte au marché que dans les ménages. En effet, les ménages sont initiés à la collecte sélective (notion de tri des déchets) avec usage de deux (2) poubelles pour faciliter le processus. Quoique, l’adhésion totale des ménages à ce processus de tri à domicile nécessite encore une bonne période d’accompagnement sur le terrain. Il y a donc besoin d’être plus proche des usagers pour mouler ce comportement dans les habitudes des populations.
L’autre innovation se situe au niveau de l’accompagnement des maraîchers locaux sur l’utilisation de déchets organiques triés contrairement aux anciennes habitudes qui étaient d’épandre des déchets organiques non triés comportant des résidus non organiques et des éléments polluants tels que les piles par exemple.

Le cadre de concertation des acteurs locaux mis en place a amélioré le service en accord avec les contraintes et attentes des habitants. Il a permis de mettre en place une gestion souple, adaptée aux contraintes financières et techniques locales. L’enjeu pour la commune est l’adoption d’une stratégie de gestion et de financement des déchets ménagers. Cette démarche nécessite une appropriation des enjeux et le concours de tous les acteurs du secteur.
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Multiples stratégies de communication (spots, porte à porte, prospectus, théâtres de rue, émissions radio, …) sont expérimentées pour faire valoir l’innovation (tri/collecte des déchets) et impliquer l’ensemble des acteurs au processus enclenché.

Comme moyens de transport des déchets, le tracteur et les remorques ont été utilisés. Après une bonne période d’utilisation de ces équipements, ils se présentent comme un moyen sûr pour faciliter le processus de tri/collecte des ordures ménagères dans la ville de Kindia.

Les résultats obtenus de cette expérience sont entre autres :
– 23 emplois créés avec 45% de femmes, dans le secteur de l’assainissement.
– Gestion et collecte des déchets du marché quotidiennement depuis plus de 2 ans.
– 01 tracteur et 8 remorques disponibles et aptes pour la collecte sélective et le transport des déchets.
– 10086 m3 de déchets sont collectés/triés dont 3776 m3 de refus mis en décharge et 6310 m3 de matières biodégradables revendues aux maraîchers (de aout 2013 à déc.2015).
– Un cadre de concertation sur la gestion des déchets solides de la commune mis en place et opérationnel.
– La population de Kindia sensibilisée et formée au tri des déchets et aux bonnes pratiques d’hygiène.
– Les capacités opérationnelles de l’ACEA améliorées.

Les besoins en termes de couverture du service d’assainissement sur le terrain sont encore réels. L’activité du marché est financée par la taxe d’assainissement payée par les commerçants à l’administration du marché. Celle-ci rémunère une part du service rendu par les opérateurs de collecte et d’évacuation des déchets du marché (le GACK et la COK: Coopérative des Ordures de Kindia) sous contrat pour ce service avec l’Agence Communale de l’Eau et de l’Assainissement. Ces deux opérateurs financent l’autre part de ce service au marché par la revente de la matière collectée aux maraichers (uniquement matière organique pour le GACK et les ordures brutes pour la COK). Le fonctionnement du service sur les marchés est équilibré si l’administration du marché respecte ses engagements à l’égard des opérateurs des déchets, ce qui n’est pas le cas pour des raisons de bon fonctionnement de cette administration.
Sur les quartiers le financement du service de collecte et d’évacuation des déchets repose sur la contribution des ménages qui s’abonnent volontairement au service, et sur la valorisation de ces déchets par le tri (revente de la matière organique aux maraichers, prospection sur la valorisation des autres types de déchets valorisables). Le fonctionnement actuel du service opérés par le GACK sur deux quartiers est encore très dépendant du soutien financier apporté par Coopération Atlantique Guinée 44. En effet, il n’existe à ce jour aucune fiscalité auprès des ménages relative au service des ordures et il n’existe pas plus de contraintes d’abonnement des ménages dans les quartiers où le service est opérationnel. Ainsi, son fonctionnement autonome à court terme est largement dépendant de son efficacité économique et du volontariat des ménages à s’abonner au service. Cela passe par de fortes concertations avec les quartiers, des actions continus de sensibilisation et de conscientisation des ménages sur l’intérêt d’adhérer au service pour la préservation de leur cadre de vie et de celui du quartier.
Ainsi Coopération Atlantique Guinée 44 s’engage fortement pour renforcer les capacités de maitrise d’ouvrage de la collectivité en matière de politique de gestion des déchets, et également pour renforcer la conscientisation et la participation sociale et citoyenne des acteurs de Kindia sur cette politique.
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Le regard sur ces observations exhorte l’association à poursuivre son engagement sur le territoire communal afin de perenniser l’expérimentation et répondre aux besoins de toutes les populations. Les actions principales envisagées pour la phase 2 de ce projet sont les suivantes :
– Accompagner la commune pour établir une politique d’assainissement viable, durable et efficace ;
– Appuyer la création de nouveaux GIE en capitalisant sur l’expérience du projet pilote ;
– Travailler sur de nouvelles filières de valorisation des déchets notamment sur les déchets plastiques, les piles et les batteries fléaux pour l’environnement ;
– Ouvrir un service de collecte et de gestion des déchets à de nouveaux quartiers ;
– Continuer la sensibilisation des populations pour accompagner le changement de comportement ;
– Aménager la décharge municipale afin qu’elle réponde sensiblement aux normes environnementales ;
– Continuer à accompagner le groupement d’assainissement mis en place dans le cadre de ce projet afin de réduire considérablement sa dépendance et permettre à la municipalité de supporter la suite du service ;
– Expérimenter des équipements de transport complémentaires sur le territoire communal.

Pour conduire cette phase 2, Coopération Atlantique Guinée 44 recherche des partenaires financiers prêts à s’engager à ses côtés.