Labellisation Carbone du Projet Cuiseurs à Bois Economes

Qui n’a jamais entendu parler des émissions de gaz à effet de serre (GES) et du changement climatique ?

Au-delà du greenwashing qui détourne ces problématiques pour en faire un argument de vente, il existe un véritable “marché carbone” où les objets des échanges ne sont ni des actions, ni des marchandises et encore moins des matières premières, mais bel et bien des tonnes de carbone émises dans l’atmosphère. Ces transactions dérivent en réalité du protocole de Kyoto, qui a fixé des quotas d’émissions par pays dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Cette réglementation a ainsi entraîné la création de plusieurs marchés, notamment celui dit de la « compensation volontaire » où les acheteurs (du particulier à la grande entreprise) se procurent des « crédits carbone » afin de “compenser” leurs émissions de GES, essentiellement pour des raisons d’éthique ou d’image de marque.

En pratique, l’achat de ces « crédits carbone » finance des projets (en général dans le domaine des énergies renouvelables et du reboisement) permettant d’éviter des émissions de GES. Le principe sous-jacent à ce mécanisme de compensation est que si l’on émet au Nord une tonne de carbone dans l’atmosphère, mais qu’on évite au Sud l’émission d’une même tonne de carbone, le bilan est nul.

Par exemple, les foyers à bois améliorés distribués à Kindia (Guinée) dans le cadre du Projet Cuiseurs à Bois Economes (CBE) permettent, grâce à leur efficacité énergétique, d’économiser la combustion de bois, et donc l’émission de GES car ce bois est d’origine non renouvelable [à cause de la déforestation qui sévit malheureusement en Guinée]. Mais pour pouvoir vendre les crédits carbones correspondant aux émissions économisées, encore faut-il passer par l’étape dite de “labellisation carbone”. Ce processus de certification permet -entre autres- de garantir aux futurs acheteurs des crédits que notre projet permet effectivement d’empêcher l’émission de GES par rapport à l’utilisation des foyers « 3 pierres » traditionnels. Une fois obtenu, le label donne ainsi une grande visibilité au projet en même temps qu’il lui apporte un financement conséquent.

Mais comme pour tous les labels reconnus, le chemin qui mène à la remise du précieux sésame est long et tortueux : il requière ainsi la production (en anglais) de rapports très précis fournissant une grande quantité d’information, ceci en vue de justifier à la fois les calculs des émissions évitées, et les impacts sociaux positifs du projet. La rigueur scientifique et le haut degré de formalisation nécessaires à l’élaboration des documents clés constituent d’ailleurs bien souvent un frein au montage du dossier par les équipes locales. En plus de la compréhension de la procédure Gold Standard et de ses exigences, ma mission consiste à rédiger les deux principaux documents requis, à savoir le « Passport » et le « Project Design Document ». Concrètement, voici quelques-unes des tâches qui en découlent : concevoir, organiser et exploiter des enquêtes sur le terrain, mettre en place un plan de suivi de toute une batterie d’indicateurs, de nombreux calculs scientifiques, et bien plus encore ! Pour ce faire, je travaille au sein de l’équipe locale de Coopération Atlantique – Guinée 44 à Kindia, où je suis en étroite collaboration avec le chef de projet et les animatrices de l’APEK, structure locale partenaire qui assure notamment la commercialisation et le contrôle qualité des CBE.

En résumé, la mission de labellisation carbone des cuiseurs à bois économes en Guinée c’est beaucoup de travail de bureau, parfois assez éloigné de la réalité du terrain ; mais aussi beaucoup d’échanges avec de nombreux interlocuteurs, le tout sans jamais oublier l’objectif premier du projet : améliorer les conditions de vie des femmes de la Préfecture de Kindia tout en y freinant la déforestation !