Maître Coco, toi qui fut si important dans nos vies.
Toi si humble, mais si exigeant si l’on souhaitait pratiquer tes arts, tes dons, la musique et la danse. Pas de différences entre tes enfants de Kindia, et les Blancs qui souhaitaient découvrir et apprendre ta culture.
Les mains et les doigts si couverts de bleus pour ceux qui apprenaient les percussions. Les pieds en sang et les remontrances pour les blanches qui tentaient de suivre tes pas. Et qui grâce à toi ont réussi à les apprendre, et à participer à tes spectacles.
Cette ambiance trois fois par semaine, éclairés seulement aux bougies chinoises, que tu nous a appris à coller aux murs de la mezzanine, sur laquelle nous répétions. Nous étions un peu effrayés qu’elle ne s’écroule sous nos pas… dans les sons assourdissants des percussions, qui nous mettaient en transe; respirant la poussière soulevée et les sueurs de corps mêlés dans le ballet.
Plus de différences de couleur de peau. Aucune entre les âges. De deux ans à 25…
Tout cela grâce à toi. Chaque danse racontait une histoire. L’histoire d’un mariage, d’une célébration, d’une culture… La Soso, la Malinké, la Peule, la Forestière. Pas question de danser sans savoir ce que nos mouvements allaient interpréter, partager, communiquer, de l’histoire, de ton pays.
Des fois, elles frôlaient le politique… Mais comme tu me disais (en 2000):
“Nous les artistes on est apolitiques … mais le gouvernement, il ne l’a pas compris car il ne connaît pas le mot apolitique.” Et tu continuais:
“Ici, le soleil se lève et il tape très fort. L’artiste se met toujours sous le soleil qui s’est levé le matin, car c’est ce soleil qui le réchauffe. Si tu t’en caches où que tu en cherches un autre, alors le Soleil te voit, te poursuit, te fait fondre, et celui qui n’a pas suivi ce soleil disparaît….”
Oui Maître, nous comprenions ton pays, que nous aimons tant, en partie grâce à toi…
Aujourd’hui tu n’as plus de soleil, et je suis persuadée que ce dernier réchauffe moins qu’avant.
Nos cœurs en tous cas.
Merci Maître Coco, du pays Foteta, inuwalli kifani a bui, pour tout ce que tu nous as appris, offert… ton humilité, ta constante volonté à nous comprendre, et à nous enseigner l’histoire de ton pays, ta culture.
Tu ne manqueras pas qu’à Kindia. Tu manqueras aussi à tous les cœurs des volontaires et stagiaires qui ont eu cette chance de suivre tes cours pendant ces 15 dernières années.
Et tu manqueras aussi à cette formidable commune de Kindia. Je me souviendrai toujours de tes efforts pour sensibiliser la population, les Kaniakas, dimanches et soirées comprises, afin de les convaincre d’aller s’exprimer librement pour la première fois de leur vie, à l’occasion du diagnostic social qui a eu tant d’incidences positives pour la ville et ses citoyens.
Merci Maître Coco pour toute cette richesse que tu nous a offerte;
Pour toujours dans nos cœurs,
Que ton âme soit en paix,
Que Dieu prenne bien soin de toi,
Tu le mérites tant.
Elisabeth.