Rencontres vers l’avenir !

Avant notre départ, nous voulions faire de ce voyage en Guinée une « aventure humaine » : approcher de près la vie des guinéens à travers les projets que « Guinée 44 » partage avec eux. Mais aussi, faire de ces jours de vie collective dans notre groupe, un temps de partage, d’échanges et d’ouverture aux perceptions et analyses de chacun.

Parmi nous, trois voyageurs ont déjà parcouru la Guinée avant qu’Ebola ne marque profondément le pays. Curieux de découvrir les évolutions, ils pointent d’emblée des changements peu encourageants : le franc guinéen est au plus bas (10 000 FG pour un euro) ; la ville de Conakry gagne en périphérie mais dans un urbanisme quelque peu anarchique ; le programme routier en direction du centre du pays semble suspendu et laisse des routes dans un état catastrophique ; de nombreuses populations n’ont pas accès à l’eau ou à l’électricité. Il en est de même pour l’artisanat qui manque d’énergie et de machines-outils.

A Foulaya, nos deux amis qui y ont vécu leur enfance, n’ont plus retrouvé la vitalité des lieux d’antan. Véritable référence à l’époque, le centre de recherche agronomique participait autrefois à faire de la Guinée un pays autosuffisant en cultures vivrières.

Malgré les réserves minières importantes, la croissance économique est loin d’être en harmonie avec l’accroissement de la population. Ce faible développement rend très vulnérable le pays face à des événements comme Ebola ou les aléas de l’économie mondiale. La Guinée reste un pays pauvre.

« Toutefois, nous ferons connaissance d’hommes et de femmes, urbains ou villageois, qui n’acceptent pas cela comme une fatalité. » Leur combat au jour le jour s’inscrit bien au delà de la survie, dans des perspectives de développement.

LA DYNAMIQUE DES FEMMES : UNE FORCE POUR LE PAYS

Au port de pêche de Kamsar, nous avons rencontré ces femmes qui pour gagner la vie de leur famille sacrifient leur santé dans les fumées acres des « fumeries » de poisson. Travail pénible, travail à risque, mais qui nourrit le pays de Conakry à N’Zérékoré.
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Tout près de là, 20 femmes du village de Kolaboui tentent une approche plus maîtrisée de leurs pratiques agricoles traditionnelles. Elles se lancent dans le séchage, la transformation et la commercialisation des excédents de fruits et légumes traditionnellement laissés en pure perte dans la nature. Un combat permanent pour ces femmes sur de multiples fronts : produire des fruits de qualité, fabriquer de toutes pièces des séchoirs, préparer les produits, réussir un séchage équilibré, conditionner, tenir les points de vente…Le parcours de ces « battantes » est jonché d’obstacles qui menacent en permanence leur projet: absence de trésorerie, manque de moyens matériels, approvisionnement très incertain des contenants (bocaux ou sachets), etc.
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Pour soutenir cette initiative, Guinée 44 a lancé un appel de fonds en décembre 2016 qui s’est terminé le 28 février 2017. Retrouvez toute l’actualité de ce projet sur notre site.

QUAND LA FORMATION DES JEUNES MOBILISE LES VILLAGES

Le taux des adultes non scolarisés est de l’ordre de 64%. Les échanges avec les villageois de Sogolon ou de Kobian nous ont montré la volonté de ces adultes d’ouvrir des portes et de changer l’avenir de leurs enfants et de leurs jeunes.
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La mise en contact avec des Maisons Familiales Rurales françaises (1) a provoqué une véritable dynamique locale, accompagnée depuis par Guinée 44. En quelques mois, à l’initiative d’hommes et de femmes du monde de l’agriculture deux Maisons Familiales Rurales (MFR) se sont créées : l’une à Sogolon près de Boké et l’autre à Friguiagbé. En lien avec les Maisons Familiales Rurales en France, de Sarthe et de Mayenne, et du Mali, les associations guinéennes amorcent la stratégie qui conduira aux premières formations au terme du premier semestre 2017.
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Les heures d’échanges sur place nous ont permis de comprendre le chemin qu’ont dû parcourir jeunes et adultes avant de s’engager dans une telle démarche. Il a fallu la détermination de la présidente de la MFR de Friguiagbé, ainsi que l’engagement des administrateurs de la MFR de Sogolon pour en arriver là. Malgré l’absence de moyens de l’Etat, de tels projets citoyens accompagnés par Guinée 44 et les MFR françaises contribueront grandement au développement social et économique du pays et à l’insertion socio-professionnelle des jeunes.

UNE JEUNESSE RESPONSABLE ET ENGAGÉE DANS LA CITÉ

Au cours des années 1990, le fort investissement de Guinée 44 pour aider la jeunesse de Kindia à prendre place dans la vie de la cité grâce à la vie associative permettait de recenser près de 120 associations en 2007. Les jeunes formés dans ce cadre ont démontré leur capacité à s’engager socialement. L’Association Guinéenne pour le Bien-Etre de la Jeunesse (AGUIBEJ) est l’une de ces réalisations. Cette association travaille à l’insertion socio-professionnelle de jeunes adolescentes rencontrant des difficultés multiples. Actuellement, 35 jeunes sont en formation auprès de trois maîtres (deux femmes et un homme). Les heures que nous avons passées en leur compagnie nous ont bousculés par leur dynamisme, leur sens des responsabilités et leur engagement citoyen.
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L’ACTION “TRÉS PROFESSIONNELLE” DE GUINÉE 44 EST UNE CHANCE POUR LA RÉGION

La rencontre avec les chefs de projets de Guinée 44 nous a révélé un professionnalisme confirmé de l’équipe sur place. Quelques grands principes de l’association se retrouvent manifestement dans les pratiques : « agir avec les personnes et les structures concernées », «apporter de la qualité technique dans une démarche de développement », etc. Mais rien ne vaut les constats sur le terrain.

« Après des années de travail sur la collecte et le traitement des déchets, Kindia en comparaison à d’autres villes, nous est apparue comme une ville propre. Les programmes sur l’eau et l’assainissement ont transformé des quartiers. »

Les parents comme les enseignants rencontrés dans une école nous ont démontré la plus-value considérable des aménagements (latrines, accès à l’eau) réalisés dans le cadre d’Edukindia : bien-être des enfants, sécurité, meilleure hygiène et augmentation de la scolarisation des filles.
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Le projet Eau et Assainissement expliqué par Alexis, chef de projet de Guinée 44 et Mr Sylla, élu de Kindia en charge du dossier

Une autre évolution est à remarquer: la diffusion des Cuiseurs à Bois Économes (CBE) en lien avec l’association Bolivia Inti Sud Soleil (BISS). Ce cuiseur qui remplace le foyer sur les trois pierres réduit la consommation de bois, allège le travail des femmes et des enfants chargés de son ramassage, limite la déforestation et diminue considérablement les émanations de fumées responsables de problèmes de santé pulmonaires et oculaires.

Cuiseur à Bois Econome
Cuiseur à Bois Econome

Sur un fond de paysages exceptionnels, des montagnes du Fouta Djallon aux eaux mystérieuses de Samaya, des rizières à la forêt, nos souvenirs s’animent de mille visages et de rencontres chaleureuses à la croisée de réalités humaines parfois difficiles à approcher.
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« C’est aussi un message d’espoir que nous avons entendu à travers l’action en profondeur menée par toute l’équipe de l’association et l’engagement des habitants pour un mieux vivre dans le pays. »

L’un de nous écrit «Nous sommes onze, venus de France. Nos histoires avec la Guinée sont très différentes, mais tous se sont laissés imprégnés par le pays, son accueil, les couleurs des marchés, la cuisine sur trois pierres et partout l’agitation des enfants. Tous, étonnés, enthousiastes, nous nous sommes associés à ce moment de joie collective comme à un grand bal poussière ! ».

Bernard SUAUD, Vice-Président de Guinée 44

(1) Les Maisons Familiales Rurales sont des centres de formation de statut associatif, créés en France en 1937. En phase avec les parents et les territoires, ils appliquent la pédagogie de l’alternance.