Avec l’appui de la coopération décentralisée de l’association Guinée 44 les organisations agricoles guinéennes cherchent à développer leurs outils de formation. La chambre d’agriculture et l’Afdi apportent leur contribution.
La formation : un enjeu primordial
« 80% de la population vit de l’agriculture… A côté de cela, nous avons seulement quatre écoles d’agriculture, une dans chaque région agricole, soit un total de 400 jeunes seulement », signale Abdoulaye Béla Diallo, animateur agricole de Guinée 44. C’est en effet autour de cette thématique de la formation professionnelle agricole et à l’invitation de l’association Guinée 44, organisme départemental de coopération décentralisée, qu’une délégation de la chambre d’agriculture et de l’Afdi (Agriculteurs français et développement international) s’est rendu en Guinée fin novembre.
Ce pays de l’ouest africain bénéficie de richesses importantes : minières tout d’abord, car le sous-sol regorge de ressources précieuses. La Guinée possède un quart des réserves de bauxite. Le pays dispose également d’or, de fer, d’uranium et de diamant.
Par ailleurs, son climat tropical permet une diversité culturale. A côté de la culture traditionnelle de mil, de manioc et de fonio de Haute Guinée, le riz est cultivé dans les zones en bordure de rivière et de fleuve en basse Guinée. Cette même région est riche également en matière de production de fruits et légumes, piment, ananas, banane…
Pour ces cultures, à côté de petits producteurs, des sociétés d’exportation ont annexés des terres pour le marché européen principalement. Le développement agricole ne profite donc pas complètement aux producteurs locaux car, comme le signale Christophe Sablé, secrétaire général de la chambre d’agriculture, « les filières ne sont pas organisées localement, et on est plus dans l’économie de la débrouille que dans l’organisation rationnelle des marchés ».
La situation économique et politique est très fragile. De l’Etat autoritaire et planificateur de l’époque de Sékou Touré, se sont succédés deux décennies de flottement économique marquées par une forte corruption, l’Etat se dégageant de plus en plus des ses missions régaliennes. Certes, des centres de recherche et de vulgarisation agricole existent, mais sont démunies et sans moyens.
Pour contrer cette réalité les agriculteurs locaux s’organisent comme l’affirme Paul Charriau, responsable du comité de pilotage formation à la chambre d’agriculture : « Nous avons été impressionnés par la volonté des agriculteurs de prendre en main leur développement. A côté d’ONG très solides, ils ont voulu se structurer en groupements, unions et fédérations, pour apporter des services aux agriculteurs. De leur côté, les femmes ont pris toute leur place dans cette dynamique, à l’image de Foulématou Camara, présidente de la confédération des producteurs de Basse Guinée. »
Former les jeunes
Les organisations de producteurs, avec l’appui de l’association Coopération Atlantique Guinée 44, ont la volonté de faire en sorte que les jeunes restent et vivent au pays plutôt qu’aller grossir les villes. L’enjeu c’est d’abord de former les jeunes souvent post-alphabétisés ou sortis trop tôt du collège. Pour Loïc Daniau et Joachim Trolard, de l’Afdi Pays de la Loire, la formation « doit être réalisée dans les bassins de vie de ces jeunes, à partir des pratiques et savoirs liés au métier observés sur le terrain. Parallèlement, il convient également de travailler en amont sur les freins à l’installation, l’image de l’agriculture locale, les débouchés et filières, l’accès au foncier… »
Les organisations paysannes sont bien conscientes de l’enjeu de la formation. Elles souhaitent participer pleinement à ce défi. « Nous voulons former également des paysans relais capables de prendre en charge un réseau d’agriculteurs au sein de chaque communauté villageoise », explique affirme Aboubacar Camara, coordinateur technique de la fédération des producteurs de basse Guinée.
La délégation qui s’est déplacé en Guinée avoue avoir senti une réelle volonté des responsables professionnels de prendre en main leur destin, de tout faire pour que les agriculteurs locaux vivent dignement de leur travail. Leur détermination est sans faille… Ils attendent de leurs partenaires français « le petit coup de pouce » pour les aider à porter leurs ambitions.
MICHEL HIVERT
CHAMBRE D’AGRICULTURE