Cuiseurs à Bois Economes: Recueil de témoignages

Entre 2010 et 2012, notre association en partenariat avec Bolivia Inti Sud Soleil et l’APEK Agriculture, a conduit un projet de diffusion de Cuiseurs à Bois Économes (CBE) sur la Région de Kindia. Ce sont quelques 2 700 Cuiseurs qui ont été fabriqué localement par les artisans forgerons, promus et diffusés par trois animatrices de l’APEK Agriculture auprès des femmes des organisations paysannes et vendus par celles-ci à toutes celles qui ont compris l’intérêt de l’outil sur un plan économique, sanitaire, environnemental.

Ci dessous quelques témoignages recueillis auprès d’ambassadrices, utilisatrices du Cuiseur à Bois Économe.

Témoignages de Koutoubou Khady CAMARA,
Présidente de l’Union des Groupements Producteurs de Samaya
Sous Préfecture de Samaya, District de Komoya

« Je suis ambassadrice du projet CBE. Chez nous ici le bois est devenu une denrée rare par le fait du barrage hydroélectrique et du déplacement des villages riverains. Lorsque le CBE est arrivé il était vendu à 35.000 GNF ; maintenant son prix est à 50.000 GNF. Nous nous sommes habitués à ce prix qui est tout de même élevé. Étant donné que le prix réel dépasse trop ce montant.
A Samaya, un tas de bois est vendu à 5.000 GNF. Avec le foyer traditionnel trois pierres, il nous faut dépenser 50.000 GNF pour un mois de préparation soit 10 tas de bois. Par contre avec le CBE, 20.000 GNF de bois suffisent pour un mois de préparation soit 4 tas. Ce qui nous permet de réaliser une économie de 30.000 GNF/mois. Ce qui prouve que le CBE est plus avantageux que le foyer traditionnel, car : il est économe, dégage moins de fumées, expose moins les utilisatrices à la chaleur, préserve l’écosystème, permet à une femme de préparer avec son bébé au dos sans trop de risque d’inhalation de fumée. C’est pourquoi, avant de convaincre les autres à l’acheter, nous avons été les premières à l’acheter pour être convaincues de son efficacité et pour mieux comprendre son utilisation.

Nous remercions les ONG CA-Guinée 44, APEK-Agriculture et tous les autres partenaires porteurs pour cette initiative salutaire tout en leur exhortant d’agrandir son échelle et de renforcer les pièces sensibles du CBE telles que le grillage, le plateau, les plots pour une utilisation durable à cause de son importance pour la population. »

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Maïmouna Bella DIALLO
Femme utilisatrice dans la commune urbaine de Kindia
Quartier Ferefou

« Avant j’utilisai le fourneau à charbon. Avec ce fourneau, un tas de charbon 1.000 GNF était consommé en un jour. Avec le CBE, un tas de bois de 1.000 GNF peut faire 2 à 3 jours pour les mêmes utilisations : chauffer de l’eau, préparer le riz et la sauce…Les deux ne sont pas pareils en terme d’économie.
Aujourd’hui, un sac de charbon est vendu à 20.000 GNF. Ce n’est pas dans notre bourse ; c’est pourquoi nous nous tournons vers les CBE qui sont adaptés à nos revenus : avec peu d’argent, vous pouvez acheter un tas de bois et l’utiliser pendant plusieurs jours.
J’ai personnellement aidé beaucoup de femmes à se convaincre de l’importance du CBE, qui est économe par rapport aux autres fourneaux. Beaucoup de femmes ont pu acheter le CBE grâce à moi.
Ce que je demande aux promoteurs des CBE c’est de travailler sur la résistance des matériaux de fabrication des CBE. En effet, les CBE s’usent rapidement (de trois mois à six mois). Nous voulons des CBE qui durent des années sans s’user. Vous savez, un CBE coutait 35.000 GNF au début ; aujourd’hui il coute 50.000 GNF. C’est un peu cher pour nous. Mais si nous acceptons de l’acheter, il doit quand même servir pour longtemps pour que nous soyons satisfaits en ce moment où la conjoncture sévit »

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Maferin CAMARA
Animatrice du projet CBE dans la Zone de Samaya

“Mon travail est de sensibiliser la population pour la diffusion du CBE. Le CBE aide à limiter la déforestation, lutter contre les maladies liées à l’absorption de la fumée (foie, yeux …), faire des économies grâce à la diminution de l’utilisation du bois et du charbon. En plus dans la préparation, le CBE est plus rapide que les foyers traditionnels (trois pierres) et dégage moins de fumées.

Par le biais des ambassadrices que nous formons, nous touchons les femmes sur le terrain et organisons des ateliers de démonstration pour prouver l’importance des CBE. Nous nous appuyons en cela de figurines pour montrer les différences de situations entre l’utilisation des foyers 3 pierres et les CBE. Nous accompagnons les ambassadrices sur le terrain à écouler les CBE au près des ménages.
Nous faisons aussi le suivi de l’utilisation des CBE dans les familles détentrices. Par ce biais, nous notons les motivations des utilisatrices, les performances et limités des CBE, et donnons des conseils pour optimiser leur utilisation.

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Le coût de revient d’un CBE est de 150.000 GNF. Le prix de vente unitaire est passé de 35.000 GNF à 50.000 GNF. Malgré cette augmentation, dans ma zone, les CBE marchent plus à Mambia qu’à Samaya. Les raisons sont simples : Mambia est une zone minière donc les revenus de la population leur permettent d’acheter (le bois y est cher), de même qu’à Friguiagbe qui est une zone périurbaine où la proximité par rapport à la commune urbaine expliquerait les achats (les mêmes habitudes). A Samaya, lorsque les CBE étaient vendus à 35.000 GNF ça marchait ; quand le prix a augmenté à 50.000 GNF les ventes ont diminué. Les différences de revenus entre les zones expliqueraient le rythme d’écoulement des CBE.

C’est vrai que le CBE s’use en moins d’un an d’utilisation. Cela est dû d’une part au matériau de fabrication et d’autre part à la mauvaise utilisation par les femmes : marmite plus lourde que la capacité de réception du CBE, plusieurs utilisations dans la journée, l’eau sur la tôle …, non enlèvement de la braise après la préparation.

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Malgré cela, le CBE est une réussite par rapport à son utilité économique et en tant que solution contre la déforestation et l’amélioration de la santé des femmes et leurs enfants.

Je demande aux femmes d’utiliser le Cuiseur, car c’est un outil efficace et rapide pour faire la cuisine tout en protégeant l’environnement et la santé de la femme et des enfants. Chaque femme qui adopte le Cuiseur doit participer pleinement à sa promotion au près d’autres et participer à la construction des expériences propres à améliorer sa performance et son utilisation. ”

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Amadou Bailo Bah
Président du groupement des forgerons / Kindia

“Au lancement du CBE en 2010 avec les partenaires, on ne pouvait pas estimer l’atteinte du chiffre d’affaires actuel. De nos jours, il y a une forte demande, une réduction de la consommation en bois-énergie, une économie d’argent, un soulagement des enfants dans le ramassage de bois .Tout le monde en demande, même dans les villages.

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Les CBE sont différents des anciens foyers « ginè mali » qui reçoivent le charbon et le bois, car ils n’ont pas beaucoup marché et ils peuvent être fabriqués par n’importe quel forgeron ; alors que si on ne reçoit pas une formation préalable sur le CBE, on ne peut pas le produire. Ce n’est pas le hasard qui produit le CBE, même si après la formation la fabrication devient aisée.
Aujourd’hui nous sommes outillés pour assembler les différentes pièces du CBE, après le découpage au CFP de Kindia.
Ce qu’il faut revoir, c’est la chaine de production qui rend le travail pénible car certaines pièces découpées par les élèves du CFP ne sont pas conformes ; elles sont retournées pour correction ou reproduction.

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En fin, notre rémunération est de 20.000 GNF par CBE. Je trouve cela faible par rapport au coût du CBE (120.000 GNF). Cela doit être revu pour que l’affaire de CBE soit bénéfique pour nous.”