Témoignage d’une valorisatrice des déchets à Kindia

« Je gagne ma vie grace à la collecte-tri- et la revente des déchets plastiques », témoignage de Hadjiratou Diallo/Kindia, valorisatrice de déchets à Kindia, en juin 2017.
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En l’absence d’unité de valorisation des déchets plastiques sur place, Hadjiratou Diallo ramasse (tri) les déchets plastiques recyclables à Kindia pour les revendre à Conakry (à 135 km). Elle s’est lancée dans cette activité à Kindia depuis 2015.

Préoccupée par cette problématique de gestion des déchets plastiques, « Guinée 44 » a approché cette femme pour comprendre la filière qu’elle développe. Suivez son témoignage :

« Je suis mariée, mère de 7 enfants dont les âges varient entre 10 à 29 ans. Je passe beaucoup de mon temps à Kindia dans le ramassage des déchets plastiques (tri). A l’image des autres villes du pays, nous trouvons également dans les rues de la Commune de Kindia et spécifiquemnt à la décharge municipale, des sachets et emballages plastiques qui peuvent être recyclés. Ce sont de veritables sources de revenu lorsqu’on les revend aux entreprises de recyclage.

Depuis plus de 2 ans, je partique cette activité dans la commune urbaine de Kindia.

Avant de me lancer dans cette activité, j’exercais le petit commerce. Je prenais mes produits de vente dans le Fouta pour les revendre dans la capitale Conakry, mais suite à un accident de circulation où j’ai perdu toute ma marchandise, il fallait tout de suite me lancer dans une autre activité pour non seulement rembourser les dettes des fournisseurs de marchandises mais aussi trouver mon pain quotidien. J’ai trouvé à Conakry que ma sœur Binta et toute sa famille sont dans la collecte et la revente des déchets plastiques, donc je me suis lancée moi aussi dans cette activité que j’ai trouvé très rentable. Ce fut mes premiers pas dans cette activité.

Lors d’une visite auprès de ma première fille à Kindia, je me suis rendu compte qu’il est aussi plus facile de mobilier autant de déchets plastiques à Kindia qu’à Conakry puis qu’il n’ya presque personne qui s’intéressait à la collecte informelle. Depuis là, Kindia est devenu ma seconde zone de residence. -203.jpg
Chaque année, je passe 2 à 3 mois à trier et collecter les déchets plastiques à kindia. Lorsque les quantités deviennent importantes (1 à 2 tonnes), je les mets dans les sacs et je negocie un camion pour les achéminer en famille à Conakry, chez ma sœur Binta. Arrivés là, avec les autres membres de la famille, les plastiques sont nettoyés (laver) avant d’être livré aux travailleurs de l’usine de recyclage ‘dia plastiques’. Les plastiques sollicités sont ceux de grandes densités notamment les emballages, les sachets d’eau minérale, etc. Quelque soit la quantité apportée, l’usine est prête à tout acheter.

Le kilogramme de plastique est acheté à l’usine à 1500 gnf (0.15 euro) si la masse apportée est inférieure à 400 kgs ou à 2400 gnf (0.25 euro) si la masse apportée est supérieure ou égale à 400 kgs. D’où l’intérêt pour moi de mobiliser une grande masse avant d’aller vendre.

Aujourd’hui, je remercie le bon Dieu puisque je gagne ma vie grace à la collecte et la revente des déchets plastiques. Petit à petit, je suis en train de rembourser toutes mes dettes et j’arrive à faire face à d’autres problèmes avec le peu que je gagne dans cette activité. La vente organisée en février 2017 m’a permis d’encaisser environ 469 euros. Après avoir enlèvé toutes les charges (transport, manutention,conditionnement…), je me suis retrouvé avec une somme importante en fin de compte, malgré les difficultés rencontrées, etc. ».

Pour comprendre toute cette demarche, Guinée44 et l’ACEA se sont rendus sur les sites à la décharge de Koliady (Kindia) et à Conakry.
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Hadjiratou Diallo a confié à l’équipe quelques difficultés qu’elle rencontre dans l’exercice de cette activité, à savoir :

  • L’exposition au soleil (pas de casque) pendant la période de ramassage des plastiques
  • L’inhalation de gaz toxiques (manque de bavette appropriée/exposition aux maladies en tout genre)
  • L’ennui des enfants qui la considère comme une femme anormale qui passe son temps à la décharge
  • Le manque de local de stockage des plastiques collectés
  • Les difficultés d’acheminement de la matière de Kindia vers Conakry (longues négociations avec les convoyeurs pour s’accorder sur le prix du transport)
  • Le nettoyage très contraignant des sachets plastiques, etc.

Pour le moment, Hadjiratou Diallo est la seule à se lancer pleinement dans cette activité dans la Commune Urbaine de Kindia et est bien soutenu par la famille de sa sœur Binta qui reside à Conakry.

Hadjiratou Diallo conclu ses mots par ces phares qui interpellent :
« Je suis fière de mener cette activité. Jamais je ne jette les sachets plastiques dans la rue, au contraire je les ramasse aux lieux de cérémonies pour me faire de l’argent. »

Elle fut encouragée par l’équipe (Guinée 44 et l’ACEA) par l’octroi de quelques équipements de protection individuelle (gants, bottes, bavettes) et sensibilisée à l’utilisation régulière et correcte de ces équipements de protection.
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Alexis Faya OUENDENO, Responsable du projet Déchets à Guinée 44