Détails sur les nouveaux services économiques

Un précédent article présentait la mise en place des services économiques proposés par les Unions maraîchères de Kindia à leurs membres. Cet article approfondit l’intérêt et le contenu de ces services économiques.

Qui sont ces Unions ? 

Parmi les objectifs du projet d’appui au Développement Agricole dans la zone Kindia-Mamou, projet DAKMA, la mise en place d’équipements post-récolte et le renforcement des capacités de prestations de services sont prévus.

Spécifiquement, les unions ciblées sont :

  • l’UGVK, l’Union des Groupements Vivriers de Kindia ;
  • l’UGMBM, l’Union des Groupements Maraîchers de Bas Molota ;
  • l’UGAD, l’Union des Groupements Agricoles de Damakhania ;
  • l’UGMK, l’Union des Groupements Maraîchers de Kindia.

Pourquoi développer des services économiques et comment ? 

Pour prioriser un service économique des unions à leurs membres, nous avons dans un premier temps procédé au diagnostic du niveau de développement. L’objectif était d’identifier les besoins des organisations paysannes et de leurs membres, mais aussi de collecter des informations sur la gestion, la vie associative, mais aussi des éléments complémentaires comme les niveaux de relations internes, externes, les capacités financières, etc.

Pour l’UGMBM, les principales contraintes identifiées se réfèrent, entre autres, à un accès difficile aux équipements de transport. Cela est dû en partie par l’enclavement de la piste. Il en résulte une perte accrue de vente des produits et un taux élevé des contreparties de paiement des équipements.

Pour l’UGAD, l’un des services priorisés est l’accès aux équipements post-récolte, en l’occurrence des cageots. En effet, cette union est réputée pour sa production de tomates. Ces membres peinent à écouler leurs produits vers les marchés, principalement suite au manque d’emballages pour transporter les récoltes. Cela entraine l’utilisation d’emballages inappropriés pour le transport et une perte de qualité du produit à la vente.

Pour l’UGMK et l’UGVK, l’organisation d’un service d’approvisionnement en intrants fait partie des besoins identifiés par les membres. Les agriculteurs notent en effet des difficultés liées à la disponibilité à temps d’engrais de qualité, à leur coût et à leur préfinancement.

À la suite de l’identification des services économiques les plus appropriés à mettre en place au sein des unions ciblées, Pierre Demerlé, Président de Guinée 44 et membre de la commission Agriculture, a permis, à travers une mission de terrain, de construire des modèles économiques des services identifiés sur la base des besoins remontés par les unions lors des différents ateliers d’identification.

Un accompagnement pas à pas pour des services adaptés

Après la validation en équipe des modèles économiques finaux, nous avons accompagné l’UGMBM à la gestion d’un service de transport des produits post-récolte via le fonctionnement d’une moto tricycle entre la localité de Dentègueya (située à environ 35 km de Kindia), jusqu’au marché de Kindia, en centre-ville.

Ce service permet donc de faciliter l’évacuation des produits maraîchers pour les membres de l’union, ainsi que les non membres (ils paient cependant un coût d’accès au service plus élevé), vers les marchés de Kindia et les marchés locaux hebdomadaires (Yelissoriya et Yenberen), dans l’objectif final de limiter les pertes de produits post récolte.

En concertation avec l’union, des hypothèses de fonctionnement du service ont été émises : nombre de transport par destination et par saison, types de marchandises transportées, estimations de prix (sur la base de la concurrence), charges de carburant, d’huile, rémunération du conducteur, etc. ; afin de construire un modèle rentable pour l’union mais accessible aux usagers, dans un objectif de pérennité et de durabilité de ce service de transport.

Les prix de transport dépendent des produits, de la saison, de la distance au marché de destination et de l’appartenance ou non du producteur à l’union. Un comité de gestion a été créé et formé afin de piloter opérationnellement ce nouveau service, via le remplissage d’outils permettant de renseigner toutes les informations utiles à sa gestion. Les rôles et responsabilités de ces membres ont été définis.

Ce service a démarré le 19 juin 2019 et la moto tricycle se déplace quotidiennement pour transporter les produits.

Formation des membres du Comité de Gestion de la mototricycle à l’utilisation et au remplissage des outils de gestion, par l’animateur DAKMA Seny SYLLA

Dans le même cadre, nous accompagnons l’UGAD à la gestion d’un service de location de cageots. De la même manière nous avons émis des hypothèses pour le dimensionnement du service et des prix, afin de pouvoir créer un modèle économique se rapprochant au maximum des réalités du terrain.

Mise en place de comités de gestion

Un comité de gestion est en place et l’union dispose maintenant de 600 cageots répartis dans 3 magasins. Le modèle économique est basé sur une location pour 3 jours d’un cageot, et de même que pour le service de transport des produits maraîchers, le coût de location est différencié entre les agriculteurs membres de l’union et ceux qui ne le sont pas. L’objectif de cette stratégie est d’inciter les producteurs à s’organiser via des groupements et des unions, et leur permettre de bénéficier de services avantageux à prix réduits, ainsi qu’adhérer à la FOPMA-BG, la Fédération des Organisation de Producteurs Maraîchers de la Basse Guinée.

Ce service est proposé depuis juin, mais il n’est pas encore utilisé, la saison maraichère démarrant à peine. En effet, le repiquage des tomates est actuellement en cours.

Convoi des 600 cageots dans les 3 magasins de location

Enfin, nous accompagnons l’UGMK et l’UGVK à la gestion d’un service d’approvisionnement en intrants. Cette première année, nous concentrons nos efforts sur la mise à disposition d’engrais NPK. L’année prochaine, il est prévu d’élargir ce service à l’approvisionnement en fientes de poules. Une commande groupée de 250 tonnes d’engrais a été faite et plus de 100 tonnes ont déjà été livrées. Les premières ventes ont démarré en juillet.

Selon le même principe, un comité de gestion est en place pour piloter ce service et contrôler les ventes et les recettes afin de générer un fonds de roulement aux unions pour, l’année prochaine, préfinancer des intrants à des prix raisonnables à vendre aux producteurs.

L’animateur du projet DAKMA, Seny SYLLA, est chargé du suivi et de l’accompagnement des unions à la gestion de ces services.

Emma PEYRAUD, Assistante technique Pôle agriculture