” Bientôt trois ans que l’association est engagée auprès des dix communes de la Préfecture de Kindia accompagnant la création d’une intercommunalité à la mesure des attentes et des besoins du territoire. Au cœur de ce projet : la participation des citoyens en tant qu’acteurs du développement local.
Alors que l’intercommunalité entre dans sa phase opérationnelle, et que l’accompagnement financé par le Comité Français pour la Solidarité Internationale (CFSI) dans le cadre du Programme « Société Civile et Participation » prend fin, le travail de capitalisation et d’évaluation nous invite à un regard le plus objectif possible.
Mardi 15 octobre, nous retrouvions au CFSI les associations qui comme nous, se sont impliquées dans le même programme mais sur des projets différents. L’objectif était d’échanger à partir de l’évaluation du programme, de dégager les points communs et les écarts entre les actions.
Le premier regard a porté sur « l’évolution du dialogue entre la société civile et les élus ». A Kindia, un double constat : d’une part, l’intercommunalité a rompu l’isolement des communes rurales dépourvues de moyens financiers ou humains et rapproché les élus dans une démarche et un questionnement communs. D’autre part, dans ce pays au passé politique difficile, la jeunesse s’est montrée dans un premier temps, réticente à s’engager dans l’Intercommunalité… Mais, après bien des rencontres et des débats, l’évolution des rapports fait dire au représentant de la jeunesse « … à travers l’Intercollectivité, nous avons trouvé un espace de concertation et de dialogue… »
Une deuxième question abordait : « Les effets sur les politiques publiques »
Les Organisations Paysannes, par leurs leaders, ont demandé à leurs unions de « forcer la situation » pour participer aux sessions communales : « demandez la parole et posez les problèmes », ainsi, selon leur représentant : « les pouvoirs publics ont pris en considération notre existence… ». Les jeunes eux-mêmes reconnaissent : « …aujourd’hui, la jeunesse est devenue un acteur politique et non un instrument politique… » Ainsi, leur plaidoyer a-t-il débouché sur l’ouverture du Fonds Intercommunal d’Aide aux Initiatives des Jeunes. (Le FIAIJ), moyen de mobilisation des jeunes sur des actions d’insertion socio-économique.
Troisièmement, il nous était proposé d’analyser : « la pertinence des dispositifs locaux ». Pour cela, il suffisait de mesurer l’enthousiasme avec lequel, jeunes et producteurs, élus et représentants des services préfectoraux de Kindia se sont impliqués. La simplicité de l’organisation de l’Intercommunalité en « association de communes » a permis à chacun de prendre une place sans se perdre dans le dédale d’instances compliquées. Assurément, l’Intercommunalité est vécue comme une réponse « ajustée » aux attentes de citoyens qui veulent faire prendre en compte leurs préoccupations et contrôler les suites des décisions politiques.
Au terme des trois ans de programme, l’Intercommunalité est loin d’être en capacité de traiter les cinq axes de politique locale inscrits dans ses compétences. Il ne faudrait pas que ce constat occulte les avancées qui en constituent le socle pour la suite : les changements profonds engagés dans les rapports solidaires des collectivités entre elles ou entre elles et l’Etat, changements des rapports entre la société civile et les élus locaux, dans la vision de la responsabilité sociale des uns et des autres, changement de la place des citoyens dans la politique locale…Pour les agents de l’association, pour l’association, il y a une certaine fierté d’avoir été auprès des acteurs locaux, les «acteurs d’un changement social » important à travers cette Intercommunalité.”