20 ans de Guinée 44 : Histoire, Bilan, Avenir

“Mon témoignage à l’occasion de ce 20 ème anniversaire, je vais le décliner autour de 3 mots : l’HISTOIRE – le BILAN – l’AVENIR.

L’HISTOIRE :

Aujourd’hui nous fêtons le 20ème anniversaire de Guinée 44, de Coopération Atlantique-Guinée 44.
En réalité les relations, les liens entre la Loire Atlantique et la Guinée sont bien plus anciennes, c’est une histoire qui date.
Comme vous le savez, du temps de la colonisation, Nantes fût un grand port d’importation de bananes et notamment de bananes en provenance de Guinée – il en reste d’ailleurs encore des traces juste à côté : «le hangar à bananes».
Suite à l’indépendance de la Guinée en 58 les relations ont été distantes, et en 1984 après le régime de Sékou Touré, le Conseil Général a souhaité rétablir avec la Guinée des relations, relations avant tout économiques-commerciales.
Et c’est ainsi qu’après quelques missions exploratoires, le Conseil Général s’est engagé dans une coopération avec des projets à caractère économiques . Cette coopération fût portée par Loire Atlantique Coopération et sur le terrain par une société d’économie mixte : la SELA.

En 1994 une nouvelle politique fût engagée :

– D’une part , priorité fût donnée à la formation, au renforcement des capacités : les préalables incontournables d’un vrai développement.

– Et d’autre part, pour des raisons de simplicité de fonctionnement, la conduite opérationnelle de cette coopération fût confiée à Guinée 44, association crée par le Conseil Général en lien avec la Chambre d’Agriculture, le Crédit Mutuel et l’association AGIR.
Par la suite d’autres collectivités se sont engagées : Orvault – St Jean de Boiseau – Bouaye – Basse Goulaine – Ste Luce – la Comcom du Castelbriantais– celle de la région de Nozay et Nantes Métropole.

En 2009, suite au désengagement du Conseil Général, l’association a dû s’adapter.
Nous avons recentré nos interventions sur des domaines plus limités, mais au combien importants . L’eau – l’alimentation – la jeunesse constituent nos priorités. Priorités car l’eau c’est la vie, on peut en dire autant pour l’alimentation, et la jeunesse c’est l’avenir.

On ne peut pas évoquer l’histoire de cette coopération sans évoquer les hommes qui en ont été les acteurs. Je ne peux les citer tous, la liste serait bien trop longue et j’en oublierai. Je voudrai cependant en citer 3 nommément :

Jean de La Bodinière : conseiller général à l’origine de cette coopération et président de Loire Atlantique Coopération
André Louisy : président de Guinée 44 pendant plus de 10 ans
Mamadou Drame: maire de Kindia ; président des maires de Guinée, chevallier de la légion d’honneur, qui est notre partenaire privilégié depuis plus de 20 ans.

Je pense également à :
– Tous les volontaires.
– A tous les salariés français et guinéens.
– A tous les bénévoles de l’association.
– A tous nos partenaires guinéens.

J’ai une pensée toute particulière pour 3 partenaires, 3 amis engagés et trop tôt disparus ; je pense à El Hadj Farouk, à Ismael Babady Camara et à Malik Soumah.

Comme on vient de le voir, tout au long de ces 20 ans, pour s’adapter, il y a eu des évolutions permanentes, mais notre stratégie – nos méthodes d’intervention ont été constantes :

Nous avons toujours placé « l’homme » au centre de cette coopération. Nous avons investi sur les hommes, sur les structures, sur les organisations plutôt que dans des bâtiments, dans des équipements. En somme, nous avons privilégié le soft au hard ou comme on dit aussi « on a préféré apprendre à pêcher plutôt que de donner du poisson ». Certes c’est moins spectaculaire, c’est moins visible mais c’est les fondations d’une vraie ambition de développement.

– En termes de méthode, nous avons toujours essayé de privilégier le participatif – le partenariat, certes on va moins vite, mais au final on va plus loin et c’est plus robuste dans la durée.

– Et enfin nous avons toujours œuvré dans une approche de développement local en essayant d’associer toutes les forces vives du territoire pour travailler ensemble dans l’intérêt général de toute la population.

Le BILAN maintenant :

Difficile de faire un bilan exhaustif de ces 20 ans de coopération, je me limiterai à 2 constats :

Le premier, sur le territoire de Kindia il y a une dynamique qu’on ne retrouve pas ailleurs en Guinée. C’est le constat du journaliste de France 5 dans l’émission « les routes du possible : de Ouaga à Conakry ». C’est aussi ce que nous disent les responsables d’autres régions, maires ou responsables d’organisations de la société civile et enfin c’est aussi ce qu’on nous fait comprendre dans les ministères à Conakry quand on nous sollicite pour déployer nos interventions ailleurs en Guinée. Ce n’est également pas par hasard que Canal+ s’est intéressé au territoire de Kindia après une analyse de nombreux projets de développement à travers le monde.
Bien entendu on ne va pas s’attribuer tous les mérites de cette situation particulière du territoire de Kindia. Bien sûr ce sont avant tout les acteurs de ce territoire qui le font vivre, qui l’animent, qui le dynamisent. Notre rôle n’a été que de faciliter, d’accompagner, d’impulser des idées, d’apporter quelques moyens.

2ème constat en termes de bilan : quelle belle aventure humaine, que de rencontres, que de relations d’amitié et même plus. C’est aussi ça la coopération : mieux se connaître, car quand on se connaît mieux, on se respecte d’avantage, on porte un regard différent, souvent plus compréhensif, sur l’autre et l’autre devient moins indifférent. En favorisant les échanges Nord – Sud, en participant à mieux faire connaître la Guinée, à mieux faire connaître l’Afrique et donc les guinéens et les africains, on œuvre pour la solidarité, la paix entre les peuples.

On aurait certainement pu faire « plus et mieux ». Je dirai qu’on a fait de notre mieux dans des contextes pas toujours faciles. On peut cependant tirer quelques enseignements de ces 20 ans de coopération :

-Le développement demande du temps. Pour faire du bon travail il faut s’engager dans la durée, afin de connaître le terrain, de connaître les acteurs.

-Accompagner le développement c’est un métier, ça suppose des compétences, des savoirs faire si on veut faire un travail de fond et qui perdure.

-Enfin le développement suppose aussi des moyens et notamment des moyens financiers. J’en profite pour remercier toutes les structures qui nous ont fait confiance, qui nous ont accompagnés financièrement. Je souhaite les rassurer, ils ont fait de bons placements, ces moyens ont servi une noble cause et nous, nous avons eu en permanence le souci d’une gestion rigoureuse des moyens qui nous ont été mis à disposition.

L’AVENIR :

Cette belle aventure, cette belle aventure de solidarité, cette belle aventure humaine, serait il envisageable d’y mettre fin : nous ne le souhaitons pas et, il me semble que nos partenaires guinéens ne le souhaitent également pas. Lors de notre réflexion stratégique engagée cet hiver j’ai pu constater qu’il y avait toujours le même enthousiasme, la même motivation pour continuer cet engagement de solidarité. En effet travailler, échanger, partager avec des gens d’un autre pays, de culture différente,… c’est une vraie richesse. D’autre part le chantier que nous avons engagé ensemble est loin d’être achevé, les attentes sont nombreuses et les besoins sont immenses.
Ce que nous ferons ensemble au cours des 20 prochaines années ne sera certainement pas la réplique des 20 années passées, cependant nous souhaitons maintenir les mêmes finalités :

Accompagner nos partenaires guinéens dans une réelle politique de développement local au meilleur profit de toute la population.

– Favoriser les échanges Nord-Sud, Sud-Sud et Sud-Nord pour développer la solidarité entre les peuples.

Pour l’avenir je voudrai aussi exprimer quelques souhaits :

Un : Développons d’avantage des échanges d’expériences mais pas uniquement à sens unique. Par exemple, l’intercommunalité de Kindia, qui regroupe des élus des collectivités mais aussi des représentants de la société civile, constitue pour moi une organisation politique intéressante dont on pourrait peut être s’inspirer chez nous.

Nous souhaitons également maintenir, voir développer notre organisation originale qui regroupe des collectivités, des associations et des citoyens bénévoles, à l’image d’ailleurs de la pluralité des partenaires avec lesquels nous agissons en Guinée. Nous sommes persuadés que cette diversité, cette complémentarité constitue une réelle plus value dans l’action.

Le 3 ème souhait concerne les moyens. Comme vous le savez, l’argent public se raréfie. Pour conserver notre professionnalisme, notre niveau de compétence, il nous faut maintenir le niveau d’activité actuel. Cela nous appelle à diversifier les partenaires financiers, notamment à travailler avec les acteurs économiques, comme c’est le cas aujourd’hui avec Canal+. Et au-delà des moyens, c’est peut être aussi l’opportunité de concilier d’avantage développement économique et développement solidaire.

Pour terminer, je crois qu’on peut dire :
– Soyons fiers du chemin parcouru ensemble.
– Soyons persuadés qu’au travers de nos actions, nous apportons notre contribution à la construction d’un monde plus solidaire.

Merci pour votre engagement à tous, merci à vous qui donnez de votre temps pour piloter, pour accueillir, pour partager des expériences, pour échanger.

Et bon vent pour la suite de cette coopération, pour la suite de ces relations d’amitié.
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