Le conseil en exploitation familiale

Contexte

Dans la conception du projet filière maraîchage (DEFMA), il est inclus une démarche d’accompagnement des producteurs à l’approche économique pour la conduite de leurs cultures. Des actions similaires ont déjà été initiées dans des projets précédents (comme SABG), notamment à partir de la démarche Conseil en Exploitation Familiale ou CEF. 

Objectifs de la mission

La mission réalisée en mars 2019 avait pour objectif de faire le point sur les premières réalisations de terrain, notamment sur cet aspect CEF réalisé par nos partenaires de l’APEK. En 2018, 3 conseillers de l’APEK ont suivi 58 producteurs (dont 50 % de femmes et 50 % d’hommes), répartis dans 5 groupes de progrès (dans 3 unions : Kindia,  Cohya Dubréka et Kobé).

En quoi consiste cette démarche de conseil en exploitation familiale ?

Plusieurs supports d’enregistrements, issus d’expériences précédentes, sont utilisés pour suivre les évolutions des résultats obtenus par les paysans : calendrier cultural, journal de caisse, journal des intrants et cahier d’utilisation de la main d’œuvre. La plus grande difficulté pour ces producteurs choisis au départ pour leur motivation à la démarche réside dans leur niveau faible d’alphabétisation. Seulement 27 % ont tenus eux-mêmes les cahiers d’enregistrements. Les solutions alternatives se partagent entre l’enregistrement par le conseiller lui-même, par les enfants de producteurs alphabétisés et par un paysan relais, membre du groupe de progrès qui enregistre pour ses collègues, en échange d’heures de travail sur ses parcelles. Cette dernière solution (31 % des cas) semble la plus efficace et la plus pérenne.

Le conseiller appuie les producteurs par des visites très fréquentes (une à trois par semaine pendant le cycle de production), où les conseils techniques sont accompagnés de suivi des enregistrements. Il réalise après la vente de la récolte un calcul de marge et le restitue individuellement ou collectivement, la comparaison des résultats constituant un excellent support d’animation du groupe de progrès.

Tous les producteurs visités lors de la mission plébiscitent cette démarche : «on sait si on gagne ou on perd, et combien ! ». Ces données pourront aussi constituer des références de terrain précieuses, aussi bien techniques qu’économiques, qui sont pour l’instant quasiment inexistantes en Guinée.

Une cinquantaine de producteurs supplémentaires devraient être suivis sur la campagne 2019.

Conclusions de cette démarche 

Ce constat permet de démarrer un travail de réflexion au sein de la Commission Agricole de Guinée 44 et des équipes de terrain associées, sur le développement du conseil économique, étroitement lié au conseil technique, plus particulièrement dans le contexte du projet DEFMA. Plusieurs points doivent être travaillés pour permettre un développement plus important de la démarche : méthodes d’enregistrements, simplifications, conservation et analyses des données pour constituer des références, très utiles pour l’animation des groupes et l’action économique des unions de producteurs.

Stéphane SORIN, membre de la Commission Agricole de Guinée 44